VACHES COUCHÉES : QUAND LE PHOSPHORE S'EN MÊLE
Gare aux baisses d'appétit en fin de tarissement ou début de lactation, elles peuvent aggraver les fièvres de lait.
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DEPUIS SEPTEMBRE, UN ÉLEVEUR PRIM'HOLSTEIN A FAIT APPEL à nos services à plusieurs reprises pour des cas de « vaches couchées » au vêlage… un problème rare pour lui ces années passées. À l'évidence, il ne s'agit pas de fièvres de lait classiques qui se relèvent après une perfusion de calcium. L'une des vaches en a même nécessité plusieurs, mais a fini par mourir alors qu'elle s'était relevée après chacune.
Pourtant, sur le papier, rien n'avait changé dans la conduite des taries : au pré jusqu'en septembre avec un minéral enrichi en magnésium, puis en stabulation avec une ration à base d'ensilage maïs-foin et le même minéral. Leur état d'engraissement apparaissait normal (entre 3 et 3,75), mais la transition alimentaire était quelquefois courte. Autre particularité de ces vaches couchées : des examens cliniques parfois différents. Leur seul point commun : ne pas se relever avec une simple perfusion de calcium-magnésium. L'une d'elle était en hyperglycémie avec un pH urinaire voisin de 8, une autre en hypoglycémie. Une troisième, restée coincée dans une logette, avait une forte douleur à la cuisse et des corps cétoniques. En revanche, pas une avec un déplacement de la caillette.
Dans le doute, le pH urinaire d'une des vaches prêtes à vêler est mesuré : 7,7. Apparemment correct pour éviter une hypocalcémie. La meilleure façon de limiter une fièvre de lait est en effet de mettre les vaches en fin de tarissement en légère acidose métabolique avec une ration à Baca (bilan anioncation) bas qui fait baisser le pH urinaire normalement situé autour de 8,2. Cette vache ne s'est pas retrouvée couchée au vêlage, mais pas franchement stable non plus sur ses pattes, avec une production faible et un peu de corps cétoniques. Après la mort d'une des vaches observées, nous décidons d'analyser calcémie, phosphatémie, kaliémie et magnésémie sur la prochaine clouée au sol. Moins d'une semaine plus tard, une prise de sang est réalisée et un traitement complet mis en place : calcium, magnésium, phosphore, potassium, sélénium, iode, hormones thyroïdiennes, propylène glycol…
UN NIVEAU DE PHOSPHORE SANGUIN TROP BAS
Avec tout cet arsenal, la vache se relève et ne rechute pas. Mais surprise, le résultat de la prise de sang indique une calcémie (44 mg/l, norme de 87 à 114), une kaliémie (3,3 mmol/l, norme de 3,86 à 5,29) et une phosphatémie (13 mg/l, norme de 40 à 77,4), toutes basses. La magnésémie est aussi limite (20 mg/l, norme de 20 à 35). Il y a plusieurs années, ce troupeau a déjà eu un épisode de vaches couchées avec des phosphatémies très basses.
Grâce aux explications de Pascal Lebreton, de NBVC (firme services pour vétérinaires), nous comprenons que le niveau de phosphore anormalement bas est probablement lié à une baisse d'apport en potassium. Dans ce cas, en effet, la vache peut se mettre en acidose cellulaire et éliminer de l'acide dans les urines sous forme d'acide phosphorique. Le phosphore est donc éliminé et la phosphatémie baisse. L'animal est en revanche en alcalose métabolique qui favorise l'hypocalcémie.
Mais ce phosphore bas dans le sang n'est que la conséquence, pas la cause du problème. Reste à savoir pourquoi ici l'apport de potassium baisse. Les bêtes cessent-elles d'ingérer avant le vêlage à cause d'un problème de transition ? Est-ce la faute du passage à une ration à base d'ensilage de maïs trop déficitaire en potassium ? Est ce que l'apport en magnésium est suffisant au tarissement et la Baca assez basse ? Autant de pistes en réflexion pour ajuster la conduite des futures taries.
Une chute d'appétit ou un changement de ration trop brutal avant vêlage peut entraîner une baisse de phosphatémie à cause d'un manque d'apport de potassium... © STÉPHANE LEITENBERGER
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